par Erwan le 27 Jan 2015, 00:52
« La Chef des Skjaldmeyjar. Erika Hart. »
Le ton d’Erwan est plus sérieux, plus affirmé. Il ne souhaite pas manquer de respect à Erika, même en son absence. Il ne manque pas de corriger ceux qui font la moindre remarque sur elle. Il s’est même redressé en expliquant qui elle est. Réflexe.
Et c’est peut-être ce qui l’aide à tenir lorsqu’il se lance dans l’explication de son don à Eden. Car malgré sa gêne, il ne tremble pas en lui décrivant tout cela. Il se montre, à son propre étonnement vu la situation, assez pédagogue. Elle semble plus ou moins accepter. Ou du moins, comprendre. Il n’en demande pas plus. Et s’ils doivent en rester là, il l’assumera. Mais ce serait tout de même dommage. Il est suspendu à ses lèvres lorsqu’elle réfléchit à sa proposition. Son expression se veut la plus neutre possible, pour ne pas l’influencer. Mais si Eden y prête attention, elle peut lire son inquiétude dans son regard. Il sourit franchement lorsqu’elle accepte de se joindre à lui. Un pas sur le côté, il lui libère l’entrée.
« Après vous. »
Elle passe devant lui sans lui accorder un regard, mais cela ne le blesse pas. Il est trop content pour cela. Et dès qu’ils sont dans la cantine, il passe devant elle, un air espiègle sur le visage. D’un signe de tête, il l’encourage à le suivre, et se permet d’insister, arguant qu’elle ne le regrettera pas. Quelques visages se tournent vers eux. Parmi eux, Erwan ne reconnaît pas celui d’une Skjaldmeyjar, ce qui lui convient parfaitement. Et lorsqu’enfin Eden le rejoint, elle peut voir qu’ils ont gagné les cuisines. Erwan discute bientôt avec un bonhomme un brin plus épais que les autres, au visage un peu renfrogné.
« Je t’avais dit que tu ne pourrais pas venir tous les jours Erwan !
- Allez, Chef ! S’il te plaît ! Je suis sûr que tu as des extras pour le nouvel an. Me dis pas que tu vas les laisser se perdre ?
- Ça, ça te regarde pas gamin.
- Et je te fais la plonge en échange ! »
L’expression de Rémy se fige. Erwan est bien placé pour savoir que le plongeur est absent en ce moment, et que les cuistots doivent faire la vaisselle. Et il se trouve que le dernier repas servi était à base de fromage fondu. Dans des casseroles un peu vieilles, qui ont accroché. Alors comme c’est au Chef Rémy de nettoyer, il ne lui faut pas longtemps pour échanger son privilège culinaire contre de l’huile de coude.
« Tu sais où dresser la table. »
Ouvrant un placard sous le plan de travail, Erwan attrape deux couverts, et s’en va les installer sur la table du Chef. Rémy hausse les yeux au ciel, avec un sourire amusé. Il n’a pas vu Erwan prêt à faire la plonge depuis un moment. Entraînant Eden à sa suite, le médecin rejoint un coin de la cuisine, et les installe. Ce n’est pas un grand restaurant, et malgré le fait que les denrées qu’ils vont consommer se font rares, cela ne vaudra jamais un gastronomique français du vingt-et-unième siècle. Mais au moins, cela leur changera des rations de bases. Le cadre n’est pas non plus parfait. La cuisine a beau être assez spacieuse, elle est entièrement recouverte d’une sorte d’inox, ce qui la fait plus ressembler à une chambre froide qu’à une cuisine. Quoi qu’il arrive, Erwan aime être là, et espère qu’il pourra commencer à se racheter en faisant partager cela à Eden. Il lui présente une chaise, et attend qu’elle y soit installée pour prendre place également.
« J’espère qu’il n’y a pas d’aliment que vous détestez, je n’ai aucune idée de ce que l’on va manger. Mais le Chef est très doué ! »
Du coin de l’œil, tout en préparant son plat, Rémy les observe. Il ne fera tout de même pas brûler, mais écoute leur conversation, pour éviter d’inclure tout ingrédient que la demoiselle pourrait avoir en horreur. Adossé à sa chaise, Erwan essaye de deviner ce qu’Eden ressent. Il n’utilisera pas son pouvoir. Il n’en a pas envie.
« C’est bien compliqué que d’essayer de deviner ce que vous pensez de tout ça… »