2666
A la recherche d'une nouvelle Terre...

Les gens sont fatigants. Ils veulent que tout soit terminé avant même que j'ai eu une petite chance de commencer à faire quoi que ce soit. C'est bien gentil de me mettre la pression, je gère plutôt bien et je travaille efficacement comme ça mais ce n'est pas franchement évident de travailler avec quelqu'un qui ne vous lâche pas du regard. Je me retrouve planté derrière mon bureau, euphémisme cuisant, pour dire que je suis dans une sorte de petit cagibi qui devait servir à … je ne sais quoi de base mais pas à accueillir un bureau. Mobilier sommaire, une chaise pas si confortable, un mini-meuble fabriqué rapidement, un ordinateur et beaucoup d'imagination pour me dire que je suis dans un endroit plus confortable. Sur le côté une petite étagère où se trouvent plusieurs programmes de ma création et juste de quoi réussir à passer une personne à la fois. Et encore pas des pères noëls, plutôt des top-model. Le décor ne me gène pas forcément, j'ai pris l'habitude de travailler dans cet espace restreint mais je n'aime pas quand quelqu'un se plante devant la porte et n'en bouge plus. Je suis un rêveur, un imaginatif, je peux m'évader de cet endroit plutôt aisément mais pas quand quelqu'un me fixe du regard avec l'intensité d'un super prédateur devant sa proie. En plus ce programme est vraiment … naze. C'est un miracle que quoi que ça soit fonctionne et qu'il ait réussi à rêver. Enfin réussis à rêver, il voulait se payer une visite "érotique" du Louvre, j'ai aucune idée de ce que ça veut dire une visite "érotique" d'un musée mais il ne pouvait jamais y entrer. Programmation volontaire ou bug, c'est chez moi qu'il vient faire résoudre le problème, j'ai demandé une heure il est revenu après dix minutes et il me fixe du regard. Je peux sentir le poids de son regard sur moi.

*Envoie-le boire un café*

Aucun son ne filtrera entre mes lèvres et c'est dans un silence religieux que je termine de contrôler ce simulacre de rêve. J'ai encore du mal à croire que quelqu'un s'amuse à programmer ce genre de choses, est-ce que la Nephilim qui traine dans ce programme en est au courant au moins ? Ca va que je ne la connais même pas mais il paraît que le dernier à avoir touché à la chef des Skaldmeyjar a mal fini.

*Toi, t'auras jamais le problème de mal finir, une fille te regarde tu frôles la crise cardiaque*

Effectivement Erika n'aurait sûrement même pas à prendre une arme pour réussir à me tuer si elle le souhaitait. Je n'aime pas les relations humaines, je suis une bille dans ce domaine aujourd'hui et probablement à jamais. Plus question d'être puceau à bord d'un vaisseau où le besoin d'énergie sexuelle est important mais disons que mes aventures se comptent sur le doigt des mains … d'une main … de deux doigts. Je termine, je rends le programme à qui de droit.

« Et voilà, ça va marcher. »
« Merci. »
*Bon débarras*

L'espace d'un instant je jurerai qu'il va s'arrêter et me mettre la tête au carré. Non ça va, il reprend sa marche et s'éloigne. Tant mieux ai-je envie de dire. Bon et maintenant reprendre ce que j'étais en train de faire avant d'être interrompu, à savoir la programmation d'une ville. C'était un projet que je m'étais lancé en réalisant combien j'arrivais à recréer des choses approchant de ce que je voyais. J'avais emprunté une pile alarmante de données sur la ville de Londres et j'avais commencé à la recréer quartier après quartier. C'était un travail long et fastidieux dont j'ignorais encore quel pourrait être l'usage, peut-être le rêve communautaire que je voulais lancer. Imaginez une ville ou une île où de nombreuses personnes peuvent se connecter en simultané. Comme une sorte de jeu massivement multi-joueurs à la sauce des Sims. Je n'en étais pas encore là, pour l'heure je voulais simplement recréer un peu de cette Terre que je n'avais jamais connu.

Musique en fond et je reprends où j'en étais. J'avais recrée les bâtiments les plus importants de la ville à l'heure actuelle comme le suppositoire géant, la grande roue et big ben, j'avais même réussi à recréer Legoland. Sans m'en rendre compte je me laisse aller à chanter. Je n'entends même pas la porte qui s'ouvre pour laisser entrer quelqu'un.

« … tell me something sexy, tell me something dirty … »

C'est en entendant le chuintement de la porte qui se referme que je relève la tête sans parvenir pour autant à arrêter les paroles qui traversent mes lèvres.

« … we only live once, we're all gonna die so come on. »

Arrêté brusquement dans mon euphorie de chanson je me relève envoyant valser en arrière la chaise sur laquelle j'étais assis cela pour tomber par-dessus et me relever les joues un rien rougies et l'air d'un ahuri.

« Euh … Bah euh … Archess ! Enchanté ! »
*Crétin*
« Enfin je veux dire … Moi c'est Maxence, pas Archess bien sûr, ça serait … Enfin euh … Qu'est-ce que tu … vous faites là ? »
*Oh bien, avec un discours pareil t'es sûr d'emballer, tu veux pas encore lui chanter une chanson de sexe ?*