Allongé, sur le dos, je reste ainsi sans bouger. Si quelqu'un me surveille, il comprendra que je suis réveillé au changement de ma respiration. On ne peut pas contrôler sa respiration aussi bien qu'on le voudrait. J'ai les yeux fermés, le dos sur du dur, mes mains sur mes flancs. Mon doigt bouge pour toucher de l'asphalte. Cela se sent, c'est rugueux, et cela a une odeur. J'ouvre les yeux pour voir le ciel au dessus de moi. Je cligne plusieurs fois des yeux pour mettre mon bras devant mes yeux et ma tête. Le soleil, les nuages, je sens une bouffée d’adrénaline en moi. C'était quand la dernière fois que j'ai vu ce soleil et ces nuages. C'était quand la dernière fois où j'ai vu le ciel ? J'avale difficilement ma salive sous le coup de l'émotion et je finis par relever mon buste, les jambes toujours allongé et là une voix. Je la reconnaîtrais entre mille. C'est impossible. Alors je le regarde en voyant cette porte ouverte. Bien trop absorbé par le ciel, je n'ai pas entendu cette porte s'ouvrir. Cette porte, cette voiture, lui.
Je suis en train de rêver.C'est la seule explication possible. Car il ne peut être là. Je tourne mon visage pour la voir, elle. Elle va sans doute arriver et lui hurler dessus car il a osé monter dans sa voiture sans sa permission. Et elle tournera son visage vers moi pour me sourire et me frotter les cheveux en me disant de ne pas m'inquiéter. Il n'y a que elle qui conduit Lily.
Je me lève péniblement et je reconnais cette crispation de la mâchoire. Il va finir par partir sans moi dans la voiture. Les bras ballants, les fringues crades, je pourrais rester ici. Ne pas bouger. Ne pas aller vers lui. Je n'aime pas ce rêve. Les émotions me tiraillent. J'ai mal à en crever. Pourtant, un pied s'avance. C'était sans doute le plus dur, le plus lourd de signification. Le second vient ensuite et ainsi de suite. Je touche la portière, la caresse, et je finis pas m'installer sur le siège passager. Je regarde derrière, il n'y a personne, bien sûr et je ferme la porte alors que la voiture démarre déjà. Je baisse la vitre et je sors ma main pour sentir ce courant. Je finis par regarder dehors pour admirer cette vue. Détruit. Tout est détruit. Mais il y a de l'air, du soleil, du ciel. Mais je sais que je vais devoir le regarder. Alors je finis par le faire. Ce n'est qu'un rêve, alors autant voir où il va me mener.
Qu'as-tu fait ?Il n'avait rien fait, c'était évident. Et puis, c'était mon rêve. Alors, dans mon rêve, bientôt, il y aurait une femme, petite et blonde à une intersection, et Sariel s’arrêtera pour la prendre. Et quand il le fera, je continuerais de dormir pour l'éternité et on continuera cette route ainsi, pour l'éternité. Je ne suis pas un héros. Je n'ai pas de super pouvoir, pas de biscotto, pas de voleuse. Je n'ai pas la trempe de ceux qui sont toujours dans les vaisseaux. Ils trouveront une solution. Et moi, je continuerais de rêver. Alors je ferme les yeux, je pose ma tête contre l'appui du dossier et je souris. Je suis bien ici, avec lui.
Ne t'arrête jamais ... S'il te plaît.