2666

Tiens t'es là toi.

Ce n'était pas une question et ce n'était pas non plus une joie de me voir. Je ne cherche ni les embrouilles, ni les emmerdes alors je fais juste un signe de tête et je continue de ma route. Mais lui, il a pasvraiment envie de me laisser tranquille.

Tu nas rien à faire ici. C'est le vaisseau de Djinn et tu cours pas avec nous, gringalet.

Mes épaules s'abaissent. Gringalet, gamin, j'aurais bien envie de lui demander si il ne pouvait pas être plus imaginatif, mais àpriori, il m'en veut de ne pas choisir de clan. Il a raison. Les sans clans n'ont pas une vie facile. Mais je suis incapable de "courir" pour un clan. Je ne veux pas m'enfermer dans ce carcan.

La plupart de vos hommes ont bossé toute la nuit. Ils sont fatigués. Alors je m'occupe du tout venant et je repars quand c'est finit.
Oui, ça te permet comme ça de fouiner sur tous les vaisseaux, oui !

Il empiète sur mon espace vital et il bombe son torse. Je sens que cela va faire mal et je n'ai aucune envie de me battre. Vraiment. Je sais donné des coups de poings, mais bon, quel intérêt ? S'il veut se défouler, il va s'entrainer, c'est pas compliqué ? Si ? Je lève alors mes mains noirs du bricolage que je fais, en gardant ma malette d'outils en main.

Ecoute, je veux pas d'embrouille. Si tu veux, on passe un appel à ton supérieur et on lui demande si je reste ou si je pars.

Ils étaient nombreux sur ce vaisseau, mais comme tout le monde, il y avait besoin de repos. Et le gars en face de moi ne le savait sans doute pas, mais venir sur le San Djinn Bar ne me plaisait pas non plus. Je n'y étais pas le bienvenu et les invitations de Djinn était de plus en plus tentantes. Un jour, il finirait par m'en coller une et me mettre dans une cellule pour que je réfléchisse mieux ...

Je suis là pépère en train de trifouiller ma machine. Derrière moi deux gars se prennent le chou et à priori, j'en ai rien à faire, mais il se fait soif. J'arrête ma soudure et je me relève. J'ai pas envie d'assister à ce spectacle. Les conflits entre les clans et les sans-clans me passent au dessus. Je ne les comprends même pas d'ailleurs. On est dans la même galère, non ?

Je relève mes lunettes qui me donnent l'air d'un con et me passe la main dans les cheveux. Je jette tout sur une caisse et j'attrape nonchalamment la gourde en inox qui se trouve à côté. Je l'ouvre et bois au goulot. C'est pas de l'eau les gars, et le petit bruit de ma langue qui claque à la fin, peut donner l'indice. D'un bon, je finis par m'asseoir sur cette foutu caisse dont j'ignore le contenu. Tant que c'est pas nucléaire, c'est tranquille non ?

Je me prends le crane dans la main, quand j'entends les conneries que peut dire le vieux... oui, il appelle l'autre gamin. Je relève un sourcil lorsqu'ils parlent d'aller faire chier un supérieur pour régler le problème.

Il s'en bat les couilles de ces conneries.

Le petit jeune à pas besoin que je m'interpose. Je suis pas ce genre de gars, à prendre un pain pour un autre. S'ils ont envie de se mettre sur la tronche, qu'ils le fassent. L'autre me jette un regard de tueur. Je me mets à sourire, un air de défit sur le visage.

Quoi ?

Ouai, qu'est ce qu'il va faire ? Il parle beaucoup, mais au final, s'il avait voulu en découdre, il l'aurait fait depuis longtemps. Quelque chose me dit qu'il ne veut pas avoir deux types sur le dos, aussi débile soit l'un d'eux. Bah oui, je dois pas être malin pour la ramener.

Fous-lui en une tout de suite et casse-toi, qu'il puisse bosser.

J'ai repris un air sérieux. Je suis penché vers l'avant, les coudes sur les genoux et j'ai levé le menton vers la sortie. On est là depuis plusieurs jours. Les balises sous mes yeux en sont témoins. Si pour moi, ne pas dormir pendant plusieurs jours est soutenable -tant que je suis occupé- pour d'autre, une fois dépassé les quarante-huit heure, c'est hard.

S'il a un geste de travers, ça se réglera entre toi et moi.

Je lève les bras en me marrant, parce que sa menace, je m'en fous.

Je suis ton homme.

Il finit par donner un coup dans l'épaule de celui qui a l'air de sortir de l'adolescence, et par lâcher l'affaire... pour l'instant.

Ce mec est un con.

Je tends ma gourde sans dire ce qu'il y a dedans.

Mais il va revenir à la charge. Tu devrais te dépêcher à faire ce que tu as à faire et trouver un autre coin.

C'est le conseil de trop. J'aurai mieux fait de me la fermer.

Mon attitude était soumise. Je baissais le regard vers mes pieds, enfin plutôt vers le sol au loin. Alors quand un autre s'en mêla, je me disais que cela allait dégénérer. Sauf qu'il lui demanda de m'en foutre une. Cela m'amuse et je me mis à sourire. Ce gars avait raison, j'attendais qu'il me cogne et ensuite, je pourrais sans doute faire ceux pour quoi j'étais là. Mais l'autre ne voulait que cogner finalement. Il devait bien savoir qu'il n'avait qu'à trouver Raven et il aurait sa baston non ? Mouais, ok, tout dans la gueule, rien dans le froc. Je finis par me prendre un coup dans l'épaule et je fis une grimace en encaissant. J'étais Nephilim, un peu d'orgone et la douleur disparaitrait. Et si il pensait avoir blessé mon ego, je n'étais pas ce genre de type là. Je suis du regard le type qui s'en va, pas trop loin non plus et je m'approche du mécano en me massant l'épaule et en lui faisant un signe de la main pour lui dire non pour la gourde. L'eau était précieuse, comme toute denrée sur ces rafiots. L'offre était généreuse mais non merci. Et heureusement, car je ne buvais pas d'alcool et je ne fumais pas. Oui, j'avais vraiment tout du gamin en effet.

Merci et non merci.

Je bougeais un peu mon épaule et finalement, je n'usais pas d'orgone pour me régènérer.

Tant que Djinn n'est pas dans le coin, ça devrait le faire.

Je pris ma feuille de route et je vis que le numéro dont je devais m'occuper maintenant était à côté de ce gars. Alors je lui tendis la main.

Je me nomme Hope et je vais bosser à côté de toi pour l'instant on dirait.

Je me dirigeais vers l'établi et je posais au sol ma propre malette. Je remontais mes manches et avec un sourire plein d'entrain j'étais déjà autour de la carcasse pour voir tous les dégats et ce que je devais faire. Je repérais déjà un truc qui n'avait pas noté sur la feuille alors je le rajoutais aussitôt en écrivant de la main gauche. Cela allait me prendre au bas mot cinq heures. J'espérais bien que l'autre ne reviendrait pas à la charge, sinon et bien, je me ferais tabasser comme il se doit. Un outil en main je commençais à attaquer le boulot et je continuais de parler au gars à côté de moi.

T'es souvent dans ce coin là ou tu dépannes toi aussi ?

Le type a l'air de lui avoir fait mal. Il bouge l'épaule comme pour faire passer la douleur. Je jette un œil vers lui, mais je ne dis rien. Seulement, si j'étais à sa place, j'éviterais de montrer mes faiblesses. Enfin je dis ça, mais je suis qu'un petit con. Qu'est ce que j'en sais ?

Il refuse à boire, tant pis, ça m'en fera plus. Je suis déjà reparti sur autre chose. La pause est fini, je dois me remettre au boulot. Mais juste avant, le petit gars se présente et me dit qu'on va bosser ensemble. Je sens le regard de l'emmerdeur sur nous. Il attire mon attention un instant et je reviens sur Hope à qui je serre la main en retour.

Harper. Pas de problème, installe-toi.

Je décroche de mon dos ma voleuse. Elle a sa forme originelle. Cela fait longtemps que je ne peux plus l'appeler passe partout. Cela n'est plus nécessaire de la cacher maintenant. Tout le monde dans cette flotte connaît l'existence des Nephilim et des voleuses d'âmes. Je m'en sers pour à peu près tout. C'est mon couteau suisse hypra performant. En vérité, elle a absorbé plus de châtaignes qu'elle n'a absorbé d'âmes. Perso, ça me va. Je n'aime pas combattre et encore moins tuer. Je dis pas qu'une bonne bagarre de temps en temps ne fait pas du bien, mais je pense qu'il y a une différence entre se prendre de bonnes patates dans la tête et risquer de la perdre d'un coup de lame tranchante. On va dire que je suis un mec prudent.

Je suis là où on a besoin.

Je suis en train de scier un morceau de tuyau en métal avec ma voleuse sans même me dire que ça peut offusquer quelqu'un. Au pire, j'évite de le faire devant les Asmodéens qui ont tendance à mal le prendre, mais devant un sans clans, je m'en fiche.

J'aime bien voir du pays. Je traîne un peu partout, mais le vaisseau que je préfère est le San Djinn. Donc, tu me trouveras quand même plus souvent ici qu'ailleurs.

C'était sentimental cette histoire entre ce vaisseau et moi. Je ne peux pas raconter l'histoire, mais si un jour j'ai assez bu et que j'ai une jolie fille dans les bras, qui sait, je pourrais me laisser aller à la confession. Seulement, Hope est loin d'être une jolie minette et je n'ai clairement pas assez bu pour l'oublier.

Et toi ? On te trouve où quand on te cherche ?

Est-ce que ça veut dire qu'un jour je peux avoir envie de le trouver ? Qui sait ! Pour le moment, il ne m'a pas encore fait regretter de l'avoir rencontré.

C'est quoi ton boulot exactement ?

C'est difficile de savoir précisément ce que font les gens sur ce vaisseau. Il y a les postes classiques, des gars qui font un peu de tout. Et il y a les postes plus techniques, qui demandent du savoir faire et des connaissances précises.

-- Désolé de vous interrompre, Harper, mais Lidrya Chesly vous demande.

La Skjaldmeyjar était entrée sans faire de bruit. C'était plus lié à ses habitudes et ses entraînements qu'à la volonté de les surprendre. Elle leur tend son holodeck sur lequel la convocation d'Harper est noté. C'est une convocation pour deux personnes.

-- Prenez le génie en informatique avec vous !

Cette Skjaldmeyjar connaissait bien les compétences de Hope. La convocation ne leur laissait guère le choix. Généralement, les ordres ne venaient pas d'en haut. Ils venaient du responsable d'une zone, cela remontait au chef de pont. Et en fonction du baratin, de pot de vin ou d'autres affinités, le chef de pont donnait les priorités et ça redescendait aux mécanicien via un chef de la maintenance et un cahier de consignes.

Cette fois, la convocation était bien différente. La demande venait soit des Skjaldmeyjar, soit de Lidrya Chesly. Quoi qu'il en soit, c'était cette dernière qui avait signé et cela signifiait beaucoup. Quelque chose de très sérieux se tramait. Et pour cause, la Skjaldmeyjar les accompagnerait à leurs quartiers pour qu'ils prennent ce dont ils avaient besoin. S'ils posaient des questions, elle répondrait poliment en leur disant ce qu'elle savait, c'est-à-dire pas grand chose : une mission d'exploration.

Cela arrivait régulièrement après un bond. Généralement, il s'agissait d'un météore pour récupérer quelques métaux, mais là, tout le monde savait que quelque chose de différents se tramait suite à l'alerte donnée. La Skjaldmeyjar ne pouvait pas en dire plus. Jeune recrue, peu gradée, elle n'avait que le minimum d'informations. Sa mission était de les ramener. Ils n'étaient pas spécialement volontaires. Mais de toute façon, ils finissaient sur le quai d'apontage, de leur plein gré ou transbahuté tels des sacs à patates sur les épaules de la Skjald'. En face d'Erika et de Millah allaient leur expliquer leur mission.

La suite de ce RP se déroule ici : La mission d'exploration

Résumé du RP

Hope et Harper commencent à discuter. Harper vient d'intervenir dans une confrontation qui allait opposer Hope à un vieux briscard de la flotte. Ils allaient parler boulot quand une Skjaldmeyjar les interrompt. Ils sont tous les deux convoqués sur le pont de décollage pour une mission. Les missions d'exploration sont monnaie courante après un bond du San Djinn Barr. Il s'agit généralement de recueillir des métaux sur des météores. Mais cette fois-ci, la convocation est signée par Lidrya Chesly en personne, l'Amiral du vaisseau. Cela n'augure rien de bon. Les deux Nephilim vont rapidement comprendre qu'ils ont raison d'être inquiets. En effet, ils ne doivent pas vérifier l'état d'un Shooner avant son décollage. Ils embarquent à bord !